Vous connaissez surement tous Garfield. Est-ce que vous vous souvenez de Nermal, le chaton le plus mignon du monde, qui apparait dans quelques épisodes de la palpitante vie du gros chat roux ? Le mangeur de lasagne le déteste parce qu’il attire toute l’attention. Il le vire d’une pichenotte en dehors de son lit.
C’est exactement ce qui arriva en présentant Léontine à Arthur. La pichenotte s’est faite taloche. Au lieu d’accueillir avec ravissement la petite chose trognon que je lui présentais, Arthur s’est mis à grogner. J’étais mortifiée.
Une amie m’a expliqué une théorie, que j’ai trouvée très réaliste. Selon ses recherches et sa propre observation, les animaux n’aiment généralement pas les bébés des autres, même ceux de leur propre espèce. Pourquoi ? Parce qu’un animal qui sent le poupon a forcément une mère. Et que toutes les mères de la création deviennent des tigresses. Le réflexe est de repousser l’intrus avant de se faire déchiqueter par une potentielle génitrice en furie qui se cache dans le décor.
J’ai tenté toutes sortes de tactiques pour accorder mes deux chatons, le gros et le petit. Les badigeonner d’huile essentielle pour uniformiser leurs odeurs, les flatter tour à tour, les nourrir séparément pour éviter la compétition… aucun changement. Du moment que Léontine s’approchait d’Arthur pour tenter de sociabiliser, c’était les grondements et les coups de griffe violents. J’avais beau chicaner mon matou — qui se sauvait les oreilles rabattues — la leçon n’était jamais apprise.
Il faut dire que la jeunette était une drôle de bibitte. J’hésitais sur sa génétique. Croisement avec un écureuil, devant ses talents de grimpeuse ? Avec une chevrette, à cause de ses petits bonds étonnants ? Avec un guépard, pour sa vitesse de course incroyable ? Chose certaine, elle avait deux modes : action ou dodo.
Arthur la regardait escalader les meubles avec ses minuscules griffes, sauter d’un bond gracieux sur les surfaces en hauteur, traverser les pièces comme une balle de fusil. Son agilité le faisait passer pour un gros lourdaud. Je pouvais comprendre son agacement. Lesquels nous énervent le plus en volant autour de nous : les merles ou les moustiques ?
La fine mouche a vite compris comment se défiler du gros, pour s'amuser. Elle tentait deux ou trois coups de patte sur la queue de celui qui fouettait l’air — déjà irrité juste en la regardant errer — avant de disparaitre dans ses cachettes. Le dessous du divan était un bon abri de secours à sa taille. Léontine savait s’y plonger en un temps record. Elle laissait sortir une mini paluche arrogante vers le mâle s’il venait qu’à passer, pour achever de se faire détester. Voici un vidéo qui montre son style de manœuvre. Les réactions violentes d’Arthur ont été coupées.
Je trouvais son manège très drôle, mais je ne pouvais pas blâmer mon chat bien-aimé de répliquer avec force lorsqu’il en avait enfin l’occasion. Cette jeunesse avait troublé notre tranquillité. C’est un évènement les jours suivants, un accident de parcours insolite, qui arrangea les choses. À lire la semaine prochaine.
Comments