La vie a continué et s’est multipliée ! Léo a eu ses quatrièmes chaleurs peu après juillet. Son voyage de noces a duré 24 heures et sa gestation, deux mois. Son ventre de minette maigrichonne est devenu énorme vers la fin. On aurait dit qu’elle venait d’avaler une boule de quilles. Ses soupirs étaient pathétiques durant les derniers jours et ses poses pour bien dormir, hilarantes. Elle semblait exténuée. On n'a jamais revu le père, un gros mâle errant qui a disparu sans verser de pension alimentaire.
Les bébés sont arrivés le matin du 7 octobre dans le panier que j’avais installé. La chatte me faisait de drôles de façons juste avant, comme pour m’inviter à venir assister à l’événement. J’ai reçu chacun d’eux dans mes mains à leur sortie. Ensemble, nous avons enlevé l’enveloppe molle qui les couvre à la naissance, pour qu’ils puissent respirer. Nos deux odeurs ont donc imprégné leur toute première bouffée d’air.

Je les ai nommés selon une tradition que j’ai depuis longtemps, soit celle de trouver un thème central. J’avais déjà eu des portées de chatons aux noms de fines herbes, de pays ou de personnages du jeu de société Clue. Cette fois-ci, j’ai opté pour les mois de l’année. Janvier pour le tout noir ; Mars pour le noir et blanc ; Avril et June pour les jumeaux-jumelles gris pâle ; Novembre pour le drôle de tacheté beige et brun.
Une heure après leur naissance, j’avais déjà choisi la relève. Avril avec un grand A comme Arthur. Le premier né et le plus gros, alors que ça n’avait aucune importance. J’ai seulement perçu que c’était lui le bon. Je le trouvais pacifique, le seul à ne pas se battre pour les tétines. Il avait instantanément compris qu’en s’enfonçant sous les autres, il y avait toujours du lait et moins de concurrence.
Toute cette vie dans la maison m’a changé les idées. Ces petites bombes poilues ont chassé les derniers nuages noirs du deuil de mon gros roux. Ramasser leurs dégâts empêchaient de penser à autre chose ! Au point que j’ai presque eu envie de les renommer avec des noms de catastrophes naturelles : Typhon, Tornade, Cyclone, Ouragan, Tsunami…

La première proie que la mère a rapportée à ses rejetons — alors âgés de 7 semaines — était une énorme souris. Un format familial digne de Costco ! J’ai réalisé avec effroi que c’était un jeune rat, à peine plus léger que les chatons. Ils ont eu chacun leur chance de grogner et de martyriser la bête déjà morte. C’est June, la petite femelle gloutonne, qui a mangé les deux tiers du corps à la fin.
Avril est (en date de cette publication) un gros minou doux de 3 mois et demi, une boulette de ouate aux yeux beiges, avec le ventre et les pattes blanches, le corps gris pâle et rayé comme un pyjama. Il a le ronron facile et je me demande parfois combien d’heures par jour ce chaton peut vibrer avant d’user ses piles. Ses frères et sa sœur ont été adoptés par des gens que j’aime, parents et amis. Je reçois des nouvelles de leurs bons et mauvais coups régulièrement.
Léontine vient d’être stérilisée. Sa convalescence en jaquette lui pèse un peu. Dans une semaine, elle aura tout oublié. La surpopulation de félins est grande dans la région. Et toute bonne chose doit avoir une fin, les portées de chats comme les histoires qui les racontent !


Comentários